"Quand la musique devient lumière"

 

Tout a commencé un soir de Noël. Juan Carmona a sept ans. Ce n’est pas un jouet qui bouleverse sa vie, mais un son. Celui que fait naître son oncle en jouant de la guitare flamenca. L’enfant est saisi. Foudroyé. Il le dit lui-même : « Je languissais Noël pas pour recevoir des cadeaux mais pour écouter le son de la guitare» Dès lors, la guitare devient son monde. Une passion absolue, née d’une étincelle familiale, qui va guider toute sa vie.

Dès l’âge de seize ans, il rencontre des grands noms de la musique ( Baden Powell, Babik Reinhardt). Ces figures qui impressionnent, qui inspirent, qui transmettent. Toutes ces années forgent en lui une double exigence : celle du respect des racines, et celle de l’exploration musicale. C’est dans ce fragile équilibre que Juan Carmona construira son œuvre.

Quarante ans plus tard, Laberinto de luz se présente comme l’album d’une maturité assumée. Un disque qui condense une vie de recherche, de rencontres, de liberté. Et d’une certaine manière, une synthèse de tout ce que l’artiste est devenu : « Ce disque, c’est très difficile de le catégoriser jazz,  car il aussi de la musique du monde. Je m’aperçois au cours de toutes ces années que j’ai créé un style de musique»

Cette hiérarchie musicale n’est pas anodine. Elle raconte l’ouverture de l’artiste, sa volonté de ne pas se laisser enfermer dans un seul genre. Laberinto de luz est un disque-frontière, où se croisent les langages musicaux sans jamais se perdre. On y retrouve des mélodies aux couleurs orientales, des rythmiques venues du Maghreb, des harmonies jazz, des ryhtmes latinos, le tout porté par une guitare qui ne cesse de raconter, d’improviser, de dévoiler.

Juan Carmona est gitan. Il revendique cette identité, cette mémoire, cette façon d’entendre et de ressentir le monde. Mais il n’a jamais cessé de l’enrichir. « J’ai modifié les couleurs, les accords, les harmonies, en musicalement passant du monde mineur au mode majeur, car le flamenco c’est : la mineur sol fa mi. Mais je n’ai jamais touché à la rythmique qui est l’essence même du flamenco.»

Ces collaborations, sa créativité, sa rigueur, lui valent cinq nominations aux Grammy Awards, reconnaissances internationales d’un parcours sans compromis.

Mais au-delà des chiffres et des distinctions, il y a cette lumière qui traverse tout l’album. Une lumière intérieure, vibrante, que Juan Carmona fait jaillir de sa guitare comme d’un prisme. Laberinto de luz n’est pas seulement un album à écouter. C’est un espace à traverser, accompagner d’excellents musiciens présents sur l’album, pour nommes que les principaux : Al Di Meola, Celia Flores, Montse Cortés, Pablo Martin, Maria Peláe, Caminero et Isidro Suárez.

 

Avec ce disque, Juan Carmona fait jaillir une lumière qui éclaire.

Une lumière qui confirme que la musique  est un langage universel.

 

 

Nomades Kultur / L’autre Distribution / Karonte

 

Jean-Constantin Colletto.

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